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A propos de caractères chinois

Taiwan, printemps 1999.

L'objectif de ce petit texte est de vous donner une idée de ce que sont les caractères chinois. D'où viennent-ils, comment ont-ils évolué, comment s'en sert-on aujourd'hui ? Ne vous inquiétez pas, ce n'est pas trop long, et plus qu'informel : j'ai résumé 8000 ans et 45035 caractères en quelques pages !

Naissance

Vers -6000, les premiers pictogrammes apparaissent. Ils ressemblent à celui-ci : aube

Le soleil en haut, la montagne en bas, un nuage entre les deux. Le tout semble signifier "aube". Tout un poème en soi ! Mais ce sont des signes isolés, qui ne forment pas un système complet.

Les premiers systèmes de caractères ordonnés sont les Jia Gu Wen, littéralement "écriture sur carapaces et os", apparus vers -1500. L'histoire des Jia Gu Wen est assez plaisante.

Bon, imaginez que vous êtes responsable des pratiques divinatoires sous les Shang, en l'an -1354. L'empereur se demande si la maladie de sa première concubine est grave (c'est à dire s'il doit changer ou attendre un peu), il vous ordonne de consulter les auspices. Comment faire ? Je vais vous expliquer, c'est très simple.

Prenez une tortue, ébouillantez la, videz la chair [vous pouvez en faire une soupe pour vivre longtemps, NDLR]. Récupérez une des deux parties de la carapace, polissez-la, faites-y des petits trous. Passez-la au feu en prononçant des formules magiques. Au bout d'un moment, la carapace va se craqueler autour des petits trous. Lisez les craquelures [ne me posez pas de question ici, moi non plus je ne sais pas "lire les craquelures"] et interprétez le destin : "Aucune chance de guérison. Suivante !".

Mais l'empereur se méfie des devins. Il veut garder une trace de vos prédictions, pour éventuellement vous décapiter si elles s'avèrent fantaisistes. Alors que fait-il ? Sur la carapace, on grave autour de chaque petit trou craquelé son interprétation, le nom du devin, la date de l'auscultation. L'écriture vient de naître.

Enfance

Et moi qui pensais que les Chinois avaient créé leur écriture une nuit au bord du lac où le poète LiBai allait un jour se noyer, ivre, en tentant d'aller toucher le reflet de la pleine lune ! Quelle désillusion ! Il faut se rendre à l'évidence, ce sont les fonctionnaires-archivistes qui ont eu l'idée, pas les poètes.

Mais revenons à nos caractères. Les systèmes utilisés sur les carapaces et les os sont déjà perfectionnés. Sur les 4000 caractères recensés, on n'en comprend aujourd'hui que 1000 environ. Si vous aimez les rébus, allez au National Palace Museum de Taipeh et demandez les carapaces.

Certains sont encore très représentatifs :

| | Forme originale | Forme actuelle | Prononcé | |–––––-|––––––––-|––––––––|–––––––-| | soleil | ri-a | ri | ri | | lune | yue-a | yue | yue | | eau | shui-a | shui | shui | | boeuf | niu-a | niu | niu |

Mais d'autres sont déjà simplifiés. Le processus d'abstraction qui mène du signe figuratif à l'écriture moderne a très tôt commencé.

Ensuite, plusieurs types de caractères se succèdent. La Chine est très grande (17 fois la France), chaque contrée développe son système. Les choses deviennent intéressantes en -221, lorsque l'empereur Qin Shi Huang unifie la Chine. Car il entreprend de réformer l'écriture. Un lettré nommé Li Si recense alors les caractères utilisés dans les 6 royaumes unifiés, ainsi que leur prononcé. Rassemblés, triés, ordonnés, ces caractères forment alors le système officiel d'écriture de l'empire.

Il n'y aura plus d'évolution majeure dans le système, seule la forme des caractères évolue sans cesse : préconisation du pinceau en -200, angulation des traits, inscription du caractère dans un carré parfait, ... jusqu'à la simplification de 1950 (sur laquelle nous reviendrons) modifient la forme des caractères, mais pas le fondement du système. Voici quelques types de calligraphies differentes : ZhuanShu (ecriture sur sceau)LiShu (ecriture officielle)KaiShuXingShu (ecriture courante)CaoShu (ecriture cursive, de loin la plus dure a dechiffrer)

Du plus simple au plus abstrait

Combien y a-t-il de caractères ? Faisons-nous peur, le dictionnaire Kang Xi Zi, paru en 1716, comporte 45035 caractères... mais certains apparaissent sous plusieurs formes, beaucoup ne sont plus utilisés. Enfin il y en a quand même pas mal, un bon dictionnaire contemporain en liste 6000 ou 7000. Mon dictionnaire de poche en a plus de 4000.

En fin de compte, un caractère, c'est une lettre, un dessin ou une idée ? La réponse est : ça dépend du caractère en question. Nous allons donc nous promener parmi les caractères, du plus concret au plus abstrait. Sur notre route, nous en rencontrerons quelques uns qui nous raconteront leur histoire. La classification qui suit est empruntée au "ShuoWenJieZi", "Expliquer les signes, analyser les caractères", paru en l'an 100 (mais c'est une référence toujours utilisée) et recensant 9353 caractères.

1 - Le plus concret : le pictogramme

"Il représente l'objet par un dessin, reconnaître les formes de l'objet est compliqué".

Le principe est simple, je vois le soleil, je veux dire "soleil", alors je dessine le soleil. Mais au cours des longues années d'évolution, mon soleil devient carré. Voici quelques exemples :

| | Forme actuelle | Commentaire | Prononcé | |–––-|––––––––|––––––-|–––––––-| | cheval | ma-t | la crinière et les 4 pattes (le cheval regarde vers la gauche) | ma | | arbre | mu | la racine est proéminente | mu | | femme | nuu | la femme est accroupie | nu | | enfant | zi | un enfant emmailloté | zi |

Les pictogrammes ne sont pas très nombreux (364/9353), mais ils sont importants car ce sont eux qui constituent les sous-parties des autres caractères plus abstraits.

2 - Un peu plus abstrait : le symbole indicatif

"En le voyant on sait, en l'examinant on saisit le sens".

Il y a deux sortes de symboles indicatifs. Les premiers sont purement symboliques :

| | Forme actuelle | Commentaire | Prononcé | |–––––––-|––––––––|––––––-|–––––––-| | haut | shang | on pointe vers le haut | shang | | bas | xia | on pointe vers le bas | xia | | un | 1 | c'est clair non ? | yi | | deux | 2 | " " | er | | trois | 3 | " " | san | | quatre | 4 | vous pensiez vraiment qu'ils allaient compter jusqu'a 1000 avec des traits ? | si |

Les autres sont composites, on ajoute un symbole sur un pictogramme :

| | Forme actuelle | Commentaire | Prononcé | |–––––––-|––––––––|––––––-|–––––––-| | racine, origine | ben | l'arbre (que nous avons deja vu) sur lequel on indique la racine | ben | | branche | wei | l'arbre sur lequel on indique les branches | wei |

Les symboles indicatifs ne sont pas nombreux (125/9353), c'est dommage, ce sont les plus spirituels, les plus beaux, ils allient le concret et l'abstrait... Enfin c'est mon opinion.

3 - On commence à composer : l'idéogramme

L'idéogramme est une composition de plusieurs pictogrammes, mis ensemble dans le même caractère. Ex :

| | Forme actuelle | Commentaire | Prononcé | |–––––––-|––––––––|––––––-|–––––––-| | suivre | cong | deux personnes ren qui se suivent | cong | | foule | zhong | trois personnes | zhong | | bon, bien | hao | une femme et un enfant | hao | | paix, protéger | an | une femme a l'abri d'un toit | an | | forêt | lin | deux arbres | lin | | grande forêt, majestueux | sen | trois arbres | sen |

Les idéogrammes sont sympas, parce que pas trop durs à apprendre. Heureusement, parce qu'il y en a quand même 1167/9353.

4 - La majorité : l'idéophonogramme

[Tiens, Micro$oft Word ne connaît pas ce mot, ils devraient lire un peu au lieu de nous compiler des browsers de 40Mbytes... par contre le mot "Microsoft" est dans le dictionnaire, lui] Tout comme l'idéogramme, l'idéophonogramme est composé de plusieurs caractères plus simples. Mais ici, on franchit un pas de plus dans l'abstraction : une partie du caractère exprime le sens (la partie sémantique) et une partie donne plus ou moins la prononciation (la partie phonétique). Le meilleur exemple est fourni par la miriade de caractères construits a partir de qing-cle "qing", qui signifie "vert; bleu; noir" (excellent exemple aussi de l'immense difficulte du chinois : pourquoi un seul caractère veut a la fois dire vert, bleu et noir, alors qu'on a 9353 caractères disponibles ???). Voyons ces caractères :

| | Commentaire | Prononcé | |––––––––|––––––-|–––––––-| | qing-soleil | soleil + qing-cle = lumineux | qing | | qing-pur | eau + qing-cle = pur | qing | | qing-coeur | cœur + qing-cle = sentiment | qing | | qing-svp | parole + qing-cle = s'il vous plaît | qing | | qing-poisson | poisson + qing-cle = maquereau | qing | | jing-eye | oeil + qing-cle = globe oculaire | jing | | qing-fly | insecte + qing-cle = libellule | qing |

Bon, ces exemples sont très beaux, parce que je les ai bien choisis... si vous ouvrez votre dictionnaire à une page au hasard, vous serez déçus. [Mais en fait tous les manuels de chinois sont faits comme ça : les premières leçons, tout est logique, donc facile, puis peu à peu, on rencontre des exceptions. Au bout d'un moment, on comprend que les exceptions, en fait, c'était les trucs logiques que vous aviez appris à la leçon 1]

Quoi qu'il en soit, les idéophonogrammes sont très, très nombreux (7697/9353). Alors pour les apprendre, on s'aide de la logique du caractère quand il y en a une, et on l'invente quand il n'y en a pas. Chacun ses méthodes mnémotechniques tordues, la fin justifie les moyens.

5 - Et enfin : les mutants

Même avec la meilleure volonté confucéenne du monde, on ne pouvait pas se passer un système de père en fils pendant 2200 ans sans quelques mutations non ? Cela a donné notre dernière catégorie (bon en fait il y a deux catégories de mutants, mais je les mets ensemble).

Certains caractères ont connu une extension de leur sens initial, ex : wang wang, qui voulait dire "filet", et dont le sens s'est étendu à "réseau informatique" (exactement comme dans les autres langues).

D'autres ont été utilisés pour leur prononciation, ex lai lai, qui voulait dire "froment", mais qu'on utilise maintenant pour dire "venir" (qui se prononce lai egalement).

Enfin, certaines fautes d'écriture ont été faites si souvent qu'à la fin, tout le monde s'est mis à les faire, ex zao zao, "puce" à l'origine, mais qui a tellement été écrit à la place de zao-matin zao, "matin", qu'à présent il veut dire "de bon matin" en plus de "puce". [Attention ! Si vous pensez que les 1400 millions de chinois vont s'adapter à vos fautes d'écritures selon ce schéma, je pense que vous faites fausse route]

Voila, nous avons fait le tour de nos caractères. Si vous avez bien lu, vous savez ce qu'est un pictogramme, un idéogramme, un idéophonogramme. Nous allons aborder maintenant un sujet plus récent : la simplification de 1956/1964.

Quand Mao reinvente l'écriture

En 1949, les communistes l'emportent sur les nationalistes de Chiang Kai Check. Après trois millénaires d'empire, puis trente-huit ans de guerre civile et de dictature militaire nationaliste, la Chine sent naturellement comme un vent de renouveau. Dans ces moments-là, on a envie de remettre à zéro le système de date (comme en France après la Révolution, ou à Taiwan après 1911 [je suis en 88 en y écrivant ce texte en 1999]). Mao décide de réformer l'écriture. Pourquoi ? Je vois deux raisons :

  • il faut un événement majeur pour "marquer le coup", dans cette optique le choix de l'écriture est plus que symbolique, puisque la dernière réforme date [avez-vous bien lu la première partie ?] de l'unification de la Chine en -221, et qu'elle avait été décidée par Qin Shi Huang lui-même, peut-être l'empereur le plus mythique ;

  • l'écriture a longtemps été la barrière entre les classes supérieures lettrées et les classes inférieures illettrées. La simplifier, c'est la rendre plus accessible au peuple, et donc agir concrètement pour l'abolition des classes sociales.

Bon, en dehors de ces considérations historico-idéologiques, en quoi consiste la réforme ? C'est assez cosmétique en fait, un peu comme le passage de Windoze95 à Windoze98 vous voyez ? Rien dans le système n'est changé, mais on dessine les caractères avec moins de traits.

Car certains caractères ont tellement de traits, que personne ne les écrit complètement dans la vie quotidienne : qui a le temps de dessiner un à un les 32 traits de yu-pourri (c'est ce qu'on appelle dans le jargon de Langues'O un caractère "pourri") ? Grosso modo, les réformateurs recensent les habitudes populaires, et en adoptent certaines. Voici quelques exemples :

| | Traditionnel | Simplifié | Prononcé | |–––––––-|–––––––|–––––-|–––––––-| | cheval | ma-t | ma-s | ma | | poisson | yu-poisson-t | yu-poisson-s | yu | | spécial | zhuan-t | zhuan-s | zhuan |

Quelques caractères toutefois sont complètement revus, souvent remplacés par un caractère plus simple ayant la même prononciation :

| | Traditionnel | Simplifié | Prononcé | |–––|–––––––|–––––-|–––––––-| | protéger | wei-t | wei-s | wei | | après | hou-t | hou-s | hou |

Cette réforme a été appliquée en deux étapes, en 1956 et 1964. A la fin de la révolution culturelle, en 1977, les plus extrémistes ont voulu changer le système pour couper court avec les traditions, la culture, etc. Cette fois, c'était drastique ; voici l'exemple du mot "pays" :

| Traditionnel | Simplifié | Projet 1977 | Prononcé | |–––––––|–––––-|––––––––––––-|–––––––-| | guo-t | guo-s | guo-r | guo |

La version simplifiée represente le jade yu-jade, symbole du pouvoir, protégé au coeur de l'enceinte guo-r. Mais dans la version "révolution culturelle", il n'y a plus rien dans l'enceinte ! Comme le note l'inimitable professeur Delmarle, enseignant mythique de Langues'O (mythique pour avoir mis 0 à 30% des copies lors des partiels): "Vous voyez, c'est très représentatif ! Après la révolution culturelle, il n'y a plus rien dans le pays ! C'est vide ! On a tout jeté !". Heureusement, cette dernière réforme n'a jamais été adoptée.

Que faut-il en penser ? Les nouveaux caractères, dits simplifiés, sont plus faciles à apprendre au début. En contrepartie, ils ont encore un peu perdu du sens initial, on s'éloigne des bases... Du coup, quand votre connaissance des caractères devient solide (au delà de 2000), il est presque plus facile de se souvenir de la forme traditionnelle, qui contient plus d'indications sur le sens et la prononciation du caractère.

Caractères traditionnels vs caractères simplifiés

Une dernière note : les caractères traditionnels ne sont pas morts, loin de là. En effet, les communistes n'étaient ni à Hongkong, ni à Taiwan, ni dans le 13ème arrondissement au moment de la réforme, donc dans ces divers endroits on utilise toujours les caractères traditionnels. Demandez le menu en chinois à l'excellent [ou du moins ce qui fut l'excellent, parce que depuis l'ouverture de la seconde enseigne je trouve que ce n'est plus comme avant, à part le rosé légendaire bien entendu] restaurant Sinorama rue d'Ivry dans le 13ème, vous verrez, ils utilisent les caractères traditionnels – mais de toutes façons comme le menu est recopié à la main la nuit dans une cave par des travailleurs clandestins (c'est moins cher que les photocopies), donc vous ne comprendrez rien.

Ainsi en Chine populaire (et, je viens de l'apprendre avec stupéfaction, à Singapour également) on utilise les simplifiés, et partout ailleurs les traditionnels. Est-ce qu'on arrive quand même à se lire entre les deux bords ?

  • Les gens de Chine populaire n'apprennent que les caractères simplifiés à l'école. Donc les caractères traditionnels auraient pu mourir sur leur terre nourricière si... si le Karaoké n'était pas arrivé. En effet, TOUS les vidéodisques que l'on achète, vend, voit, en Chine, sont 1) des copies illégales 2) originellement produits à HK ou à Taiwan, où on utilise les caractères traditionnels. Donc les sous-titres, c'est à dire les paroles, sont en traditionnel. Comme un Chinois moyen passe au moins une heure par jour à faire du Karaoké, ça lui fait un bon entraînement. [Le seul problème, c'est qu'il ne connaît que "amour", "toute ma vie", "mon coeur blessé", et ainsi de suite, vu le contenu de la chanson de Karaoké standard.]

  • Quant aux Chinois d'outre-mer, comprennent-ils les caractères simplifiés ? Ils vous répondront souvent non, mais je suis sûr que c'est par snobisme intellectuel. N'oublions pas que les caractères simplifiés ont été faits à partir des habitudes d'écriture courantes, et le fait est qu'encore aujourd'hui, les Taiwanais, quand ils écrivent vite, écrivent des caractères très proches des simplifiés. On peut donc supposer qu'ils en comprennent une grande partie.

Une autre question est de savoir si ces Chinois d'outre-mer vont se rallier à la simplification. Peut-être, mais sûrement pas à Taiwan, où on se méfie tant de la Chine populaire que par principe on ne changera jamais, même si le monde entier s'y mettait.

Inversement, on assiste ces dernières années en Chine populaire à un timide retour aux caractères traditionnels. Ça fait bien, cultivé, d'utiliser les caractères traditionnels sur sa carte de visite – objet de culte dans toute l'Asie semble-t-il. Par contre, changez de carte si vous avez rendez-vous avec des officiels ! Attention ! Le gouvernement, forcément, voit d'un mauvais œil ce dénigrement des réformes du grand timonier. Du coup, plus on s'éloigne de Pékin, plus on trouve de caractères traditionnels.

Conclusion

Apprenez les caractères chinois ! Foncez de l'avant, tête baissée ! Et surtout, lorsqu'une nuit vous tomberez, dans un livre, sur le vieux proverbe suivant, n'y faites pas attention :

« Il faut toute une vie, et même un peu plus, pour apprendre tous les caractères... »

–-

Note : les informations historiques ci-dessous sont peut-être vraies, peut-être pas. Je ne fais que rapporter que ce qu'on m'a dit... est-ce qu'on dit toujours la vérité ?

Note 2 : un grand merci à Paul Morel, auteur de l'introduction du dictionnaire Quaille, que j'ai presque plagié je l'avoue – pour me faire pardonner, je vous invite à acheter cet excellent dictionnaire (ISBN 962-7123-52-8).

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