Un vieil homme sur la frontière
Le français n’a pas le monopole de l’expression tortueuse ! L’une des beautés (ou difficultés, selon son humeur) de la langue chinoise réside dans ce qui ressemble à des proverbes. Ce sont des séquences de quelques caractères qui font allusion à une histoire. Et il faut connaître l’histoire pour comprendre.
Un jour, au détour d’une conversation, on me dit quelque chose comme :
Xiao Long m'a quittée, vieil homme sur la frontière perd son cheval.
(En chinois : 塞翁失马 (sàiwēng shī mǎ), soit littéralement : frontière - vieil homme - perdre - cheval.)
Voici l’histoire :
Un vieil homme habite près de la frontière. Un jour, il perd son cheval. Ses voisins sont désolés pour lui, mais il dit : "Qui sait si c’est une bonne ou une mauvaise chose ?". Quelques jours plus tard, le cheval revient... accompagné d'une magnifique jument sauvage. Les voisins disent : “Comme tu as de la chance !”. Mais il répond : “Qui sait si c’est une bonne ou une mauvaise chose ?”. Et en effet, en tentant de la dresser, son fils chute et se casse la jambe. Les voisins se lamentent, mais il dit de nouveau : “Qui sait si c’est une bonne ou une mauvaise chose ?”. Alors la guerre éclate et les jeunes hommes – sauf son fils, qui a la jambe cassée – sont conscrits et se font décimer sur le front. Les voisins : etc. etc. vous avez compris, ça continue !
On utilise donc cette expression pour dire : gardons du recul.
(La version complète est 塞翁失马,焉知非福 (sàiwēng shī mǎ, yānzhī fēi fú) : frontière - vieil homme - perdre - cheval - comment - savoir - ne pas - avoir de la chance, mais en général on ne dit que la première partie car tout le monde connait la suite !)
J'adore ces mystères.